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Rencontre avec la journaliste et écrivaine Lilia Hassaine : "Lire, c’est nager à contre-courant” 

  • Photo du rédacteur: Victoire Boutron
    Victoire Boutron
  • 11 nov. 2024
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 nov. 2024

Vous avez sûrement déjà vu son visage dans l’émission Quotidien, vous entendez désormais sa voix sur France Inter. Depuis le 31 août, Lilia Hassaine anime tous les samedis à 14h la nouvelle émission littéraire “Etcetera. Quelques mois après ses débuts à l’antenne, la jeune journaliste et romancière revient pour la première fois sur cette nouvelle expérience. Une rencontre inspirante, entre esprit de résistance et de liberté. 

© Crédit photo piergab


Pour accompagner votre lecture de cet article, nous vous proposons d'écouter le choix musical de Lilia Hassaine :



CNB : Depuis la rentrée, on vous retrouve chaque samedi à 14h sur France Inter dans l’émission littéraire Etcetera, que vous animez. Racontez-nous… Comment est né ce projet ? 


Lilia Hassaine : La patronne de France Inter, Adèle Van Reeth, m’a proposé en juin dernier de créer une nouvelle émission littéraire le samedi. Comme « la librairie francophone » s’arrêtait, il fallait que mon émission intègre une dimension francophone. Pour le reste, j’ai eu le champs libre ! 


Pouvez-vous nous présenter cette émission, avec vos mots et votre ambition ? 


C’est une émission qui réunit deux auteurs chaque semaine. On essaie d’instaurer des ponts entre leurs livres, et un dialogue entre eux, pour sortir de l’exercice classique de la promo. Une vraie place est donnée à la fabrique du roman, puisque nous consacrons chaque semaine une bonne partie de l’émission à « l’atelier d’écriture » de nos invités.  Nous faisons aussi participer des libraires de Suisse, du Canada, de Belgique et de France. Ils interviennent pendant les interviews et donnent leurs conseils de lecture.


En somme, j’ai essayé d’imaginer l’émission dans laquelle j’aurais aimé être invitée. 


Ex-chroniqueuse de Quotidien sur TMC, Etcetera est votre première expérience en tant qu’animatrice radio. Que trouvez-vous dans la radio que vous ne trouviez pas à la télévision ? 


La radio est plus intimiste. Et puis on ne se soucie pas des questions d’image, ce qui (généralement) libère la parole ! 


L’animation d’une émission, c’est un autre défi. Plus de deux mois après la diffusion de la première d’Etcetera, comment vous sentez-vous ? 


J’ai l’impression d’avoir pris mes marques. Et puis je suis enthousiaste chaque semaine à l’idée de rencontrer de nouveaux auteurs et de lire de nouveaux livres. C’est ce qui compte, non ? 


Vous êtes journaliste mais vous êtes aussi autrice. Dans quelles mesures votre métier d'écrivaine nourrit-il celui de journaliste ? 


Je pense qu’il me permet d’entrer en empathie avec les invités. Je comprends l’état dans lequel certains auteurs sont après des semaines de promotion à parler de leur ouvrage. Je comprends la fatigue. Et je sais l’énergie que représente l’écriture d’un livre, la dose d’abnégation, de sacrifice et de passion qu’il faut pour aller au bout. Forcément, cette conscience influence le ton de l’émission. 


Qu’est-ce qui est primordial, selon vous, quand on conseille un livre ou un écrivain ? 


Entendre une voix singulière, sentir une urgence, une présence, une âme. 


Qu’est-ce qu’il faut pour donner envie de lire selon vous ? 


Conseiller de bons livres aux plus jeunes ! 


Dans cette émission, vous mettez également en avant la lecture de livres de poches et notamment de « classiques ». En quoi est-ce important pour vous ? 


Les livres en grand format sont souvent assez chers. Et puis les livres de poche sont gage de qualité : avec les grands classiques de la littérature on a toutes les chances d’être éblouis, enrichis par sa lecture. 


Quel est, selon vous, le classique à lire absolument ?


Lire au moins « Du côté de chez Swann. » La langue de Proust est une merveille de sensibilité et d’humour. Indépassable.


L’objectif d’Etcetera, c’est aussi de faire découvrir les dessous de l’écriture… Qu’est-ce qu’il s’agit de raconter dans ces coulisses ? 


Qu’il n’y a précisément pas de recette. C’est une ode à la liberté. 


Qu’est-ce qui se joue dans la parole de l’écrivain ? 


La surprise. J’aime être surprise par une vision du monde, j’aime qu’une image ou une métaphore ouvre une fenêtre dans mon esprit. Les écrivains ont la capacité de décrire mieux que personne la complexité de l’âme humaine, et son ambiguïté. 


Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ? 


La fréquentation des classiques de la littérature. J’ai été bouleversée par certaines lectures. À force, on convoite à son tour ce pouvoir magique. 


Vous êtes une écrivaine qui se penche sur notre société, qui la décortique. Je pense notamment à Soleil Amer mais aussi à votre dernier roman, Panorama, qui interroge notre avenir par le biais de la dystopie... A l’aune du résultat des élections présidentielles américaines, quel est votre regard sur la situation ? 


Je décris les fractures sociales et sociétales dans Soleil Amer. J’imagine surtout dans Panorama une société où le monde symbolique a disparu. Les choses sont exactement ce qu’elles sont. Plus de place pour le secret, plus de place pour le mystère, il ne faut plus rien cacher… sans quoi on devient suspect. Cette outrance, cette obscénité… c’est ce qui a bâti (en partie ) le succès de Trump. 


Considérez-vous la lecture comme un possible acte de résistance ? 


Tout à fait ! Aujourd’hui, rien que de prendre le temps de lire un livre est un affront à l’urgence mortifère de l’époque. Lire, c’est nager à contre-courant. 


Pour écouter ou réécouter Lilia Hassaine à l'animation d'Etcetera sur France Inter, c'est par ici : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/etcetera


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