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Tom Wesselmann, l’artiste qui colore le monde. 

  • Photo du rédacteur: Victoire Boutron
    Victoire Boutron
  • 8 nov. 2024
  • 4 min de lecture

Pour ses 10 ans, la Fondation Louis Vuitton inonde ses espaces avec l’univers coloré de Tom Wesselmann, figure emblématique du Pop Art. Une rétrospective qui lui rend hommage sur quatre étages et douze galeries, sous la joyeuse scénographie de l’architecte Jean-François Bodin. Découvrir Tom Wesselman, c’est vivre une expérience immersive qui s’adresse autant au regard qu’au corps tout entier. Alors pour accompagner votre lecture, on vous propose d’écouter une balade sonore conçue pour cet article. Elle est composée des bruits entendus lors de notre visite et vous immerge dans l’exposition, à la manière de Tom Wesselmann. 



Dès les premiers pas, un bruit attire le regard vers la droite. Là, placée au mur, une télévision est incrustée dans un tableau. Le son provient de là. C’est l’heure des informations. Plonger dans l’univers de Tom Wesselmann, c’est s’immerger tout entier. C’est regarder un tableau et être surpris d’une sonorité qui en émane. C’est prendre de l’air dans les cheveux parce que l’artiste a accolé à son œuvre un ventilateur. C’est, - l’anecdote est vraie- vouloir s'asseoir sur une chaise sortie d’un tableau, pensant qu’elle était faite pour. Pas besoin de compter le nombre de fois où le mot “immersif” est inscrit sur les cartels pour comprendre de suite ce qui nous attend, amusés par cet humour teinté de couleurs pop.


L’humour, Tom Wesselmann a voulu en faire son métier. C’est à 21 ans, enrôlé dans l’armée américaine en pleine guerre de Corée, qu’il commence ses premiers dessins humoristiques. Démobilisé en 1954, il intègre l’Art Academy de Cincinnati, déterminé à devenir peintre. Avec une carrière qui débute à la fin des années 1950, Tom Wesselmann devient rapidement l’une des figures emblématiques du Pop Art mais n’aura jamais autant d’audience qu’un Andy Warhol ou un Roy Lichtenstein… Si ce n’est auprès des jeunes artistes. C’est en tout cas ce qu’ont constaté les commissaires d’exposition, Dieter Buchhart et Anna Karina Hofbauer, qui ont imaginé cette exposition en 2016. Frappés par l'intérêt que portait la nouvelle génération à Tom Wesselmann, mais aussi par la diversité des matériaux et des étendus techniques de l’artiste, ils ont eu le sentiment qu’il devait être “redécouvert”. “Avec Wesselmann, nous avons une gamme d’expression très large qui n’a pas d’équivalent chez les autres artistes du Pop Art”. (Hors-Série de Connaissance des Arts, 2024)


Et c’est avec ses collages que débutent l’exposition. Pour les réaliser, Tom Wesselmann récupère des affiches dans les poubelles du métro new-yorkais, animé par l’importance de la fusion entre l’art et la réalité. Utiliser ces affiches, c’est explorer les clichés et promesses de l’époque dans laquelle il baigne, à savoir l’Amérique des années 60. On ne sera donc pas surpris de passer d’un collage où Heinz, Coca-Cola et Kellog’s se chevauchent tandis qu’à côté, des 7Up triomphent au-dessus d’un frigo américain ; rappelant le regard incisif du Pop Art sur la société de consommation. L’artiste s’inspire des références culturelles du rêve américain et scellera ainsi son succès, notamment avec sa série Great Américan Nudes. 


Plus tard, Tom Wesselman approfondit ses techniques de collages et démarche des compagnies publicitaires pour se fournir en affiches. C’est à ce moment-là que commence sa célèbre série des Still Life, qui reprend les codes des natures mortes pour en intégrer des objets du quotidien, des pubs et des appareils électriques. Au sein d’une même œuvre se côtoient la peinture, le son, la radio, l’image d’un film ou même le relief d’un salon dans lequel est accroché un téléphone, qui d’un coup… sonne. 


Inspiré et affilié au dadaïsme mais aussi à Matisse et Picasso, Tom Wesselmann ne cessera de reprendre des classiques de la peinture pour les renouveler mais aussi les déformer. C’est ainsi qu’au deuxième étage de l’exposition, une distorsion perspective est produite par des œuvres tridimensionnelles, comme zoomées. Face à elles, on se retrouve rapetissés, atteints par le syndrome d’Alice au Pays des Merveilles. 


Tom Wesselmann aime jouer des matières et des matériaux. Découpes au laser dans du métal, dessin dans de l’aluminium : il est l’un des pionniers dans l’usage de nouvelles technologies, obligeant les fabricants à s’adapter. Ses dernières œuvres le rapprochent ainsi de la sculpture mais le font aussi renouer avec un classicisme nourri par son maître à penser, Henri Matisse. Dans la dernière galerie, les découpes colorées côtoient les Sunset Nudes, ses dernières grandes toiles où les corps nus des femmes sont empreints de nostalgie. Une nostalgie rehaussée par les paillettes de l’un des trois artistes de la nouvelle génération du Pop Art, conviés à exposer pour cette rétrospective exceptionnelle. La preuve que l’histoire se poursuit, (Pop) forever ! 





Exposition « Pop Forever, Tom Wesselmann &… » à la Fondation Louis Vuitton, du 17 octobre 2024 au 24 février 2025


Pour retrouver notre reportage vidéo, il vous suffit de cliquer sur notre dernier post ici : https://www.tiktok.com/@cultureisthenewblack?lang=fr


Notre conseil : L’exposition regroupe 150 œuvres de Tom Wesselmann mais aussi 70 œuvres de 35 autres artistes emblématiques du mouvement. Réservez vos places et un créneau en semaine ou tard le week-end, en raison de l’affluence. Attention, il faut compter une grosse heure pour faire le tour de l’exposition. Le créneau de 18h30 est un peu trop juste. 


Toutes les informations sont à retrouver sur le site de la Fondation : 



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