Rencontre avec Louise Bachimont : l’art comme outil de reconstruction
- Chiara Groux
- 28 févr.
- 13 min de lecture
« L’art ne peut pas tout. L’art ne doit pas tout. Cependant, l’art peut beaucoup. » C’est autour de cette maxime que Louise Bachimont, autrice, metteuse en scène et dramaturge, nous livre dans cet entretien les coulisses de son parcours et de sa première création originale.
Dès ses premiers pas sur scène à huit ans, la passion du théâtre l’a guidée, jusqu’à la création de sa compagnie Le Deuxième Cœur et l’élaboration de « Gyrophare, ou t’es foutu.e ». Située à Jarzé Villages en région Pays de La Loire, elle a souhaité implanter sa compagnie en ruralité, là où le budget culture se fait de plus en plus rare. Son objectif : défendre un théâtre engagé et accessible.
Au cœur d’une création réalisée de A à Z – de l’écriture au casting, de l’adaptation à la mise en scène – elle explore comment l’art, loin d’être une solution miracle, se révèle être un outil puissant de reconstruction et d’engagement, transformant l’expérience de la violence en résilience.
Après des mois de travail, la pièce s’apprête à rencontrer son public parisien du 12 au 15 mars au Théâtre de la Jonquière (Paris 17e).

© Pauline Mugnier
Culture is the New Black : Est-ce que tu pourrais commencer par me raconter tes débuts dans le spectacle vivant et plus généralement ce qui t’a amené à te diriger vers la création artistique ?
Louise Bachimont : Depuis que j’ai 8 ans j’ai envie de faire du théâtre, c’est vraiment un truc qui m’a suivi pendant toute mon enfance et mon adolescence, et même à l’âge adulte. J’ai découvert le théâtre par le biais de mes parents qui m’ont emmenée à Paris pour la première fois à 8 ans, on est allés voir les Fourberies de Scapin à quelques centaines de mètres d’ici. Quand je suis sortie de là, j’ai vécu plein d’émotions très fortes, apparemment on n’entendait que moi dans la salle (rire). En sortant, je me suis dit que je voulais faire du théâtre. À l’époque je voulais plutôt être comédienne, mais au fur et à mesure des rencontres et de mon parcours en tant qu’étudiante, je me suis rendu compte que ce qui me plaisait le plus était d'être à la mise en scène, à l’écriture ou à la dramaturgie. J'ai grandi en partie en Allemagne, où j'ai fait mes premières expériences théâtrales, avant de revenir en France pour terminer mon lycée. Ensuite, je suis entrée à Sciences Po Paris, sur le campus franco-allemand de Nancy, où j'ai pris la présidence de l'association de théâtre, la plus grande du campus, avec 60 membres et trois pièces par an. On a créé un petit festival et j’ai mis en scène deux des pièces qui ont été présentées cette année-là, et l’année suivante j’ai intégré une école d’art américaine à Berlin où j’ai fait beaucoup de théâtre, de cinéma, de l’histoire de l’art, etc. J'avais d'un côté la gestion de projet en tant qu'étudiante, avec une pratique artistique, et en parallèle, je faisais des stages dans des théâtres où j'assistais à la dramaturgie et à la mise en scène. Toujours en Allemagne, j'ai été recrutée comme assistante à la mise en scène dans deux théâtres. En France, pendant mon master à Paris, j'ai découvert le fonctionnement très différent du théâtre, ce qui m'a amenée à remettre en question mon envie de faire carrière dans ce milieu, car les conditions étaient bien différentes.
CNB : En quoi elles étaient différentes ?
Louise B. : En Allemagne, on a cette idée de collectif et de stabilité. Historiquement, chaque ville, avant l'unification, avait son propre théâtre pour témoigner de sa grandeur et de sa prospérité. Chaque théâtre est relié à un collectif, une troupe d'artistes qui fait vivre un répertoire, avec une stabilité et une habitude de travail. C'est vraiment un lieu de création et de culture. En France, les théâtres sont davantage des lieux d'accueil. À part la Comédie-Française, peu de théâtres ont des collectifs de création liés à un lieu. Ça existe, mais c'est souvent plus précaire et moins institutionnalisé qu'en Allemagne. Ce n'est pas aussi facile de débuter une carrière artistique ici. Dans ma pratique en tant que metteuse en scène, c’est la première fois que j'écris un texte. Avant, je m'appropriais un texte et un sujet. De plus, je ne me voyais pas forcément faire ma carrière en Allemagne, surtout à cause de la langue. Mon lien à la langue française, ma langue maternelle, était trop fort, et je ne pouvais pas imaginer y renoncer. Ainsi, bon an mal an, mon retour en France m’a permis de mieux comprendre le fonctionnement du théâtre français. J'ai ensuite travaillé quelques années en administration culturelle, notamment pour accompagner des projets en éducation artistique et culturelle, avec une forte connexion au théâtre. Et il y a un peu plus d'un an et demi, j'ai franchi le pas et monté ma compagnie ! J'avais aussi l'idée de quitter Paris et de faire de la culture en milieu rural, une cause qui me tient particulièrement à cœur, ayant passé une partie de mon adolescence à la campagne. J'avais envie de revenir à mes racines et de défendre des valeurs, en implantant des structures là où elles sont souvent absentes.
CNB : Et est-ce que tu peux me raconter le processus de création de ta compagnie, comment est-ce que tu t’es entourée et comment est-ce que tu as procédé ?
Louise B. : Toujours ancrée dans cette philosophie allemande du collectif, j'avais vraiment envie de créer un groupe qui nous permette d'établir des habitudes de travail, des habitudes relationnelles et artistiques. Au départ, c’est une amie, une comédienne membre de la compagnie, qui est venue me chercher en me disant qu’elle voulait retravailler avec moi et m’a fait lire un texte. J'ai accepté, et nous avons travaillé pendant neuf mois sur le texte en question. Mais au final, nous n’avons pas obtenu les droits, ce qui a été un retournement de situation inattendu. Cependant, en parallèle, j'ai commencé à collaborer avec les membres du bureau de l'association pour rédiger les statuts, installer le bureau et réfléchir au statut de la compagnie. Ce qui devait être le deuxième projet de la compagnie est finalement devenu Gyrophare, ou t’es foutu.e, qui est en fait notre première création.
CNB : Ta compagnie s’appelle le Deuxième Coeur, pourquoi avoir choisi ce nom ?
Louise B. : Le Deuxième Cœur regroupe beaucoup d’éléments différents. J'ai demandé à chaque membre de l’équipe d’apporter sa propre interprétation, car je pense que c’est une image un peu mystérieuse qui évoque des choses très variées. Pour moi, lorsque j'ai eu l'idée du deuxième cœur, c'était vraiment l’image de la reconstruction et de la résilience : comment, après avoir vu son premier cœur détruit et abîmé, on peut réussir à en développer un deuxième, symbole justement de cette reconstruction, et aussi du risque de devenir et d'être davantage. Il y a une histoire de balance et de prise de risque, et même avec un cœur brisé ou endommagé, on garde cette capacité de rebondir. Il y a aussi un clin d'œil au Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, un ouvrage qui me tient particulièrement à cœur.
CNB : Parlons de ta pièce ! Tu as écrit et mis en scène Gyrophare, ou t’es foutu.e. Est-ce que tu peux me pitcher le sujet de ta pièce, et m’expliquer comment t’est venue l’idée d’écrire dessus ?
Louise B. : Gyrophare, ou t’es foutu.e c’est l’histoire d’une reconstruction, c’est un parcours où on essaie de garder le suspens de la trajectoire de la jeune femme qu’on suit dans la pièce. C’est une pièce qui essaie d’aborder des sujets graves avec un peu de légèreté et un peu d’humour, de la poésie et de l’engagement. J’ai essayé de lier toutes ces envies autour d’un sujet qui me tient particulièrement à cœur, celui des violences sexistes et sexuelles. L’idée est née d’une expérience personnelle et d’un mélange de récits que j’ai lu, que j’ai entendu, qu’on m’a partagé dans mon entourage mais aussi dans les médias, par des artistes. Ça fait 5 ans que j’ai commencé à écrire, et pour moi ces textes étaient un peu des puzzles. J'ignorais où est-ce qu'ils allaient m'emmener, mais en même temps je savais qu'un paysage commençait doucement à se dessiner. Et c’est vraiment l’année dernière, après le refus des droits de mon précédent projet, que je me suis isolée et que j’ai réuni ces différentes pièces du puzzle afin d’en faire un parcours plus global et une trajectoire plus claire pour Lucie, le personnage principal de la pièce.
CNB : Et le texte était destiné à se jouer au théâtre ?
Louise B. : Je n’étais effectivement pas certaine de la forme, c’était plutôt un format de récit intime initialement, comme on peut lire dans Le Consentement (de Vanessa Springora) ou dans d’autres textes sur le sujet. Mais au final, il s'est plutôt bien adapté au théâtre. La contrainte, pour moi, était enrichissante, car elle a permis de créer des liens entre les différents aspects du récit, mêlant à la fois des dialogues plus théâtraux et des poèmes, ce qui a ouvert des possibilités performatives pour la mise en scène. Mon regard berlinois m’a beaucoup inspirée dans ces moments-là.
CNB : Parle-moi du titre de cette pièce !
Louise B. : J’ai commencé à écrire pour le théâtre quand j’étais en licence, et l’un des tout premier textes que j’ai écrit s’appelait Gyrophare, et il parlait de ce sentiment d’urgence, d’incompréhension, de décalage, de perte d’innocence dès le plus jeune âge. C’est un texte qui m’a pas mal suivi et inspirée par la suite. Et le leitmotiv du gyrophare revient souvent dans le texte, il symbolise l’alerte, l’urgence qui résonne en soi. Il y a quelque chose de mystérieux et impersonnel dans cet éclat de lumière que je trouvais intéressant. Finalement, il y avait aussi cette idée d'explorer la fatalité qui pèse sur le personnage principal dès le début de la pièce, avec cette notion selon laquelle, même face à une condamnation extérieure ou à un raisonnement intérieur qui nous dit que la fin est proche, il est possible de s'en sortir.
CNB : Est-ce que la mise en scène de ton propre texte t’a permis de faire évoluer ton texte ?
Louise B. : Ce sont surtout les retours des comédiennes qui m'ont fait réfléchir au texte. Parfois, elles me posaient des questions auxquelles j'avais du mal à répondre, car elles faisaient référence à d'autres passages que j'avais coupés. C'est vrai que le fait de mettre le texte en plateau, et surtout d'avoir le regard de tous les collaborateurs – car nous sommes dix au total, une grande équipe artistique – m'a permis de prendre du recul sur ce que j'avais écrit. En même temps, j'ai adoré travailler avec elles, car elles se sont énormément approprié les personnages. Cela a permis au texte de prendre encore plus d'ampleur.
CNB : Comme tu le disais, ce thème de la pièce fait référence aux violences sexistes et sexuelles. Comment as-tu décidé d’aborder cette thématique difficile et lourde dans la mise en scène ?
Louise B. : Je me suis demandée comment me démarquer par rapport à d’autres témoignages ou pièces abordant le même sujet, et ce n’était pas facile. Ce qui m'intéressait particulièrement, c’était de montrer le parcours de reconstruction et de retranscrire ce qui arrive à beaucoup de femmes : on vit cette violence, mais on n’a pas toujours le recul nécessaire pour la nommer ou l’identifier, et parfois notre parole est réduite au silence, pas écoutée, ou bien nous-mêmes, on n'ose pas parler... C’est un véritable parcours avant de pouvoir poser les mots sur ce qui s’est passé. C’est comme un tunnel dont a du mal à voir la fin. Ce n’est pas toujours facile, parfois cela prend beaucoup de temps. Et c’est ça que je trouvais intéressant : les histoires qu’on se raconte et celles qu’on a envie de partager sur ce sujet. L’idée était de montrer qu’il y a une forme d’espoir qui peut naître, qu’on peut sortir plus fort de ce genre d’événements, et qu’on peut aussi proposer des solutions concrètes pour renouer avec une sorte d’innocence et s’en sortir, en en faisant quelque chose de beau, quelque chose qui nous appartient. C’est ce que dit le personnage principal : c’est une victoire qui nous revient !

© Pauline Mugnier
CNB : Est-ce que ça a été un sujet pour toi et le reste de l’équipe de se questionner sur la surcharge émotionnelle dans le jeu des comédiennes ?
Louise B. : Oui, on a essayé d’en parler. Il y avait des moments de trop plein émotionnel, donc je pense que cela a été bénéfique d'avoir un processus de création très intense. Je suis très ouverte sur le sujet, j’essaie de prendre soin de l’équipe de manière générale, mais on a beau être sensibilisé.e au sujet, on porte chacun et chacune un masque. Il n'est pas toujours évident de toucher à ces sujets sensibles.
CNB : Tu abordes le thème des violences sexistes et sexuelles notamment par le prisme du syndrome du stress post-traumatique. Comment t’es-tu nourrie pour écrire sur ce sujet ?
Louise B. : Lorsque je dis que le processus de création a duré cinq ans, il s'agit de plusieurs années pendant lesquelles j’ai exploré de nombreuses œuvres, que ce soit des pièces ou des films, qui abordent ce sujet. Je pense qu'il y avait un aspect cathartique dans cette démarche, un besoin de comprendre et de clarifier ce qui se passait, ainsi que ma propre position par rapport à ce thème. En ce qui concerne le syndrome du stress post-traumatique, j’ai lu un ouvrage de 600 pages écrit par le créateur de l’EMDR (Désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires), la thérapie centrale de la pièce. Il y explique une méthode initialement conçue pour aider les soldats à surmonter le stress post-traumatique, en utilisant la lumière ou les mouvements du doigt, car il existe différentes façons d’appliquer cette thérapie. C’est pourquoi l’image du gyrophare, avec sa lumière, revient aussi dans le spectacle. Le but de cette thérapie est d’ancrer le souvenir dans son contexte temporel et spatial, et de faire comprendre à l’inconscient que l'événement s’est produit une fois, mais qu’il ne se reproduira pas nécessairement. Cependant, l’objectif de la pièce n’est pas de dispenser un cours magistral sur le fonctionnement de cette thérapie, mais plutôt de transmettre une expérience sensorielle du traumatisme et d’explorer comment on peut apprendre à l'appréhender.
CNB : L’écriture et la mise en scène de cette pièce t'ont aidée dans ton propre processus de guérison ?
Louise B. : Il y a une citation d’Antonin Artaud dans le livre Triste tigre de Neige Sinno que j'aime beaucoup. Elle dit ceci : pour écrire sur l’enfer, il faut déjà être sorti de l’enfer. Et en fait, à la construction du Deuxième cœur, je pense que j’avais déjà pas mal réussi à prendre du recul et à guérir. Je pense que si je n’avais pas eu ce recul nécessaire, je n'aurais pas été capable de porter tout le projet. Mais cela m'a permis de tourner la page d’une partie de mon histoire, je suis parvenue à en faire quelque chose dont je me sens très fière.
CNB : Tu as dit : “L’art ne peut pas tout. L’art ne doit pas tout. Cependant, l’art peut beaucoup.” Qu’est-ce que tu entends par là ?
Louise B. : Il ne faut pas sur-responsabiliser l’art. Si vous venez voir ma pièce, ce n’est pas pour guérir d’un traumatisme. Mais elle pourra peut-être aider, secouer, sensibiliser, pourquoi pas ouvrir les yeux… Me concernant, je sais que c’est par la confrontation à des objets artistiques que j’ai pu faire la lumière sur ce qui m'était arrivé. De fait, l'art est à mes yeux un outil très puissant. Peut-être que c’est aussi pour cela qu’aujourd’hui on cherche à le minimiser ou à le rendre plus fragile, car l’art peut aussi effrayer. Il est parfois perçu par certains comme non essentiel, mais pour moi, l’art est tout ! C’est ce qui donne à notre vie plus de sens, de saveur et de couleur. Cependant, il ne faut pas se faire d’illusions : je crois également beaucoup aux politiques publiques. L’art agit à un certain niveau, mais il y a aussi des enjeux sociaux, militants et politiques qui sont indispensables, notamment pour permettre à l’art d’exister.
CNB : Et est-ce que tu penses qu’il y a une limite entre l’art et le militantisme ?
Louise B. : Pour moi, c’est un parti pris artistique. Je pense que les deux sont possibles. J’ai pris la décision de faire de ma première pièce quelque chose d’assez théâtral, de rester dans un objet fictionnel pour permettre une possible identification de la part des spectacteurs, mais j'ai aussi fait le choix d'y incopororer pas mal d'éléments surréalistes. Je pense que l'art et le militantisme sont tout à fait compatibles, mais il s'agit avant tout de partis pris.
CNB : Les artistes peuvent-ils porter une responsabilité face aux différentes formes de violences ?
Louise B. : Ah oui ! Pour moi, les histoires, les fictions et les récits collectifs que l'on se raconte et partageons ont une grande responsabilité dans la construction de l’imaginaire collectif, et c’est aussi là qu'on peut faire bouger les choses. Nous avons grandi avec des récits où, par exemple, Bridget Jones ou la princesse attendent inévitablement leur prince charmant. Ces récits ont un poids énorme sur la façon dont nous construisons notre imaginaire et sur notre manière de nous projeter dans le futur. Et donc, qu'on le veuille ou non, plus d’écriture inclusive et de récits alternatifs ! L'idée, c'est de sortir d’un schéma imposé et d’ouvrir la voie à une vision plus riche, plus complexe et plus réaliste du monde.
CNB : Et l’une des thématique portée par la compagnie est l’Empowerment. Est-ce que tu pourrais expliquer à celles et ceux qui nous lisent ce que c’est et pourquoi c’est important pour vous d’en parler ?
Louise B. : C’est une notion que j’ai découvert dans mon école d'art américaine lorsque j'étais à Berlin. C’est un terme anglophone qui m’a beaucoup marqué, car il évoque la capacité à surmonter des situations négatives, à reprendre sa vie en main, et à inverser des dynamiques de pouvoir et d’oppression. On associe souvent l’idée d’empowerment à celle de mémoire, tant individuelle que collective, qui est d’ailleurs le fil conducteur de la compagnie. Ici, le sujet, c’est comment les violences sexistes et sexuelles impactent non seulement la mémoire physique, cérébrale, mais aussi notre mémoire collective sur la manière dont nous construisons la société autour de ce thème, qui est très actuel. L’empowerment, donc, naît surtout de cette mémoire : comment, à partir de ce vécu, à la fois dans nos vies individuelles et en tant que société, nous parvenons à en tirer quelque chose qui nous rend plus forts, à nous émanciper et à aller plus loin.
CNB : Est-ce que tu aimerais présenter ton travail dans un autre cadre que celui du théâtre et aller à la rencontre d’autres publics ?
Louise B. : Oui, cela fait partie intégrante du projet de la compagnie que de s’engager dans des actions de transmission. J’aimerais beaucoup que la pièce puisse être présentée à des lycéens, et pourquoi pas dans le milieu carcéral en sensibilisant à travers un certain récit… Ce qui me tient particulièrement à cœur, et sur quoi nous travaillons pour la diffusion, c’est de partager ce récit avec d’éventuelles victimes, afin qu'elles puissent s’y accrocher et y trouver de l’espoir pour leur propre situation. C’est vraiment un aspect auquel je tiens, et j’ai beaucoup d’espoir quant aux réactions des différents publics. Quant à l'impact politique de la pièce, je le vois davantage à l’échelle individuelle, à travers les spectateurs. J'ai du mal à imaginer que des politiques, surtout en région Pays de la Loire où 73 % des budgets culturels ont été coupés cette année, soient réellement touchés par ce genre de projet.
CNB : Pour terminer cette interview, si un spectateur devait ressortir de ta pièce avec une émotion ?
Louise B. : L’espoir ! Avec l’idée de métamorphoser une brûlure en force, que quelque chose de négatif puisse l'entrainer vers l'avant ."
Louise Bachimont et l’équipe du Deuxième Coeur présentent leur pièce Gyrophare, ou t’es foutu.e du 12 au 15 mars au Théâtre de la Jonquière, Paris 17ème.
Réservez vos places ici : https://ledeuxiemecoeur.fr/gyrophare-ou-tes-foutue#reservation

© Pauline Mugnier
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