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Tina Barney au Jeu de Paume : Le diable se cache dans les détails… 

  • Photo du rédacteur: Victoire Boutron
    Victoire Boutron
  • 15 nov. 2024
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 nov. 2024

Jusqu'au 19 janvier 2025, le Jeu de Paume célèbre l’américaine Tina Barney dans l'exposition Family Ties. Photographe moins connue en France qu’aux États-Unis, c’est la  première fois qu’une grande exposition lui est consacrée en Europe. A ne manquer sous aucun prétexte ! 


Et pour vous plonger dans l'univers de Tina Barney, voici notre balade sonore inédite. Elle est inspirée par les bruits que font les objets du quotidien pris en photo par l'artiste et accompagnera votre lecture :



Une scénographie immersive. 


D’emblée, ce qui étonne ce sont les proportions des tirages. Tous dépassent le mètre. Bienvenue dans l’univers de Tina Barney, photographe du moindre détail. La scénographie ouverte de Quentin Bajac* propose une balade immersive dans les photographies de Tina Barney. Cette approche colle parfaitement à l’esthétisme de Tina Barney, qu’elle décrit ainsi : « Je veux  qu’il soit possible d’approcher l’image. Je veux que chaque objet soit aussi clair et précis que possible afin que le regardeur puisse réellement l’examiner et avoir la sensation d’entrer dans la  pièce. Je veux que mes images disent : “Vous pouvez entrer ici. Ce n’est pas un lieu interdit.” Je veux que vous soyez avec nous et que vous partagiez cette vie avec nous. Je veux que la moindre  chose soit vue, que l’on voie la beauté de toute chose : les textures, les tissus, les couleurs, la porcelaine, les meubles, l’architecture. » (Tina Barney, BOMB Magazine, 1995). 


Tina Barney nous propose d’autant plus une immersion dans ses œuvres qu’elle les accompagne de ses propres mots. L’un des nombreux points forts de l’exposition. Chaque photographie est accompagnée d’un cartel issu d’articles de presse, de critiques et d’interviews de l’artiste. Et pour plonger dans son univers, Quentin Bajac a laissé de côté la chronologie au profit d’une exposition thématique. 


La famille, première source d’inspiration. 


C’est avec LA FAMILLE que débute l’exposition, premier thème de sa carrière. En commençant  par sa propre famille. Née en 1945 à New York, la photographe a grandi dans l’Upper East Side  de Manhattan. Fille d’une mère mannequin puis architecte d’intérieur, et d’un père collectionneur d’art, elle baigne dans l’univers feutré de l’élite américaine. Un univers luxueux qu’elle saisit de l’intérieur, capturant d’abord ses proches de la fin des années 1970 à la fin des années 1990.  Sans réelle volonté critique, c’est cependant avec un certain détachement teinté d’ironie que la photographe dresse le tableau de cette bourgeoisie américaine. Au naturel des scènes du  quotidien se mêle le faste. Il s’en dégage une certaine forme de burlesque, comme dans cette  capture d’une scène où la mère de Tina Barney coiffe sa sœur dans un boudoir rose bonbon… 

Tina Barney / The Daughters, 2002 / © Tina Barney, courtesy Kasmin, New York


Tina Barney, observatrice et sociologue… 


Après son divorce en 1983, Tina Barney repense sa manière de photographier. Elle abandonne  son Pentax pour une chambre photographique sur trépied, privilégiant alors le format 120 × 150  cm. Comme un peintre à son chevalet, la photographe se positionne désormais face à ses protagonistes, attendant de capturer le bon moment. Cette nouvelle technique accentue l’impression d’être dans l’image. Les portraits de cette période, regroupés sous le titre Theatre of  Manners, montrent la bourgeoisie américaine et européenne dans un quotidien où chaque détail a son  importance... Une robe Laure Ashley, une chambre qu’on croirait appartenir à l’univers de La mélodie du bonheur, un gant de coton blanc amidonné, mais aussi des postures propres à certains codes sociaux… Tina Barney est ainsi autant photographe que sociologue ou anthropologue : “Je m’intéresse beaucoup à la physionomie, en partie parce que je me demande, à propos d’un père  et d’un fils par exemple, quand le fils possède exactement les mêmes expressions faciales que  son père : est-ce génétique, physique, mimétique ? Il n’y a aucun moyen d’en avoir la certitude. Je pense pour ma part que c’est mimétique, mais pourquoi les gens veulent-ils ressembler à leur  père, à leur sœur, à leur frère, ou adopter le même comportement ? Cela me fascine réellement” (Tina Barney, in « Tina Barney with Phong Bui », The Brooklyn Rail, 2018). 


Avec Tina Barney le diable se cache dans les moindres détails. “Il y a très souvent dans mes  images un espace ouvert dans un des coins inférieurs. [...] Comme si les choses tombaient du  bas de la photo. Métaphoriquement, c’est peut-être ma façon de dire : “Ici, tout semble aller pour  le mieux, mais faites attention car tout pourrait s’effondrer.” (Tina Barney, « Interview », Friends  and Relations, Washington, DC, Smithsonian, 1991). C’est peut-être un détail pour vous, mais  pour elle, ça veut dire beaucoup… 


*Quentin Bajac, directeur du Jeu de Paume et commissaire de l’exposition.


Informations pratiques : 


Family Ties, Tina Barney 

Jeu de Paume 

Du 28 septembre 2024 au 19 janvier 2025 

1 Place de la Concorde, Jardin des Tuileries, Paris 

Mardi 11h-21h – du mercredi au dimanche 11h-19h 

Tarif : 12 € 






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