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Manon Diemer : dessiner pour contempler le monde autrement. 

  • Photo du rédacteur: Victoire Boutron
    Victoire Boutron
  • 17 janv.
  • 13 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 avr.


Manon Diemer par © Pauline Mugnier
Manon Diemer par © Pauline Mugnier

À travers son exposition Moving through the Dark à la galerie Ad Astra à Paris, Manon Diemer, dessinatrice et artiste, présente un univers où la beauté indomptée de la nature dialogue avec un imaginaire empreint de mystères. Repérée par la galeriste Lisa Cohen lors du IF Festival à Lyon en octobre dernier, cette collaboration symbolise la rencontre entre une approche artistique unique et une galerie audacieuse, ouverte depuis un an et demi. Formée aux Beaux-Arts de Lyon et aux Gobelins à Paris, Manon Diemer s’inspire des mondes naturels et imaginaires pour créer une œuvre à la fois onirique et engagée. Rencontre avec une artiste qui nous invite à contempler le monde autrement. 



Culture is the New Black : D’où vous vient cet amour pour le dessin ? 


Manon Diemer : C’est quelque chose que je fais depuis toujours. Dès que j’ai été en âge de tenir un stylo, j’ai commencé à dessiner. C’était mon moyen d’expression.


CNB : Pouvez-vous nous raconter vos premiers souvenirs liés au dessin ? 


Manon : Je me souviens du tout premier livre que j’ai réalisé, j’étais en maternelle. C’était un livre sur les loups, et il avait rencontré beaucoup de succès ! Grâce à ce livre, j’avais réussi à attirer l’attention et à susciter l’intérêt des autres. À l’époque, j’étais plutôt introvertie, souvent dans mon coin, et le dessin m’a permis de m’ouvrir aux autres et de partager mes pensées.


CNB : Quel a été le moment clé où vous avez décidé de transformer cette passion en profession ?


Manon : Ce n’était pas il y a si longtemps ! Il y a trois ans, lorsque j’ai changé de vie et de travail. On m’a contactée pour réaliser des travaux d’illustration et de dessin, et c’est à ce moment-là que je me suis dit : puisque je n’ai plus mon emploi salarié et que des gens me demandent de dessiner, pourquoi ne pas tenter de me lancer et d’en vivre ? Aujourd’hui, c’est le cas, et c’est absolument génial.


CNB : Vous dites que vous avez changé de vie il y a trois ans. Que faisiez-vous avant ? 


Manon : J’ai une formation en design graphique qui m’a conduit à travailler pendant quatre ans dans une agence. J’y faisais du motion design, de la mise en page, et de la création de contenu graphique... essentiellement du travail sur ordinateur. Mais à côté, je n’ai jamais cessé de dessiner. Puis, un jour, j’en ai eu assez de passer mes journées devant un écran. J’avais besoin de revenir au dessin.


CNB : Comment décririez-vous votre univers artistique ?


Manon : C’est un imaginaire qui vient d’un mélange entre le réel et l'irréel. Il y a aussi un désir de quête de lumière assez constant. Mon but est de toucher une corde sensible et de susciter des émotions en lien avec la nature et le paysage. 


CNB : Quels artistes ou courants artistiques vous inspirent ? 


Manon : Il y a beaucoup d’influences ! J’ai toujours adoré la bande dessinée et les livres illustrés. Le lien entre le texte et l’image est très important pour moi, car il permet de développer l’imaginaire issu de la lecture. Je m’inspire également du mouvement impressionniste, qui transmet des émotions à travers les paysages, la nature, la lumière et des éléments graphiques. Un autre artiste qui m’inspire beaucoup est le Japonais Kawase Hasui. J’admire ses estampes et ses paysages contemplatifs, sublimés par des lumières magnifiques.


CNB : Pourrait-on qualifier vos œuvres de pointillistes ?


Manon : Il y a du pointillisme, car c’est une technique que j’aime utiliser, mais ce n’est pas la seule. On ne peut pas définir mon travail par un seul style, car ce qui m’amuse et me passionne dans le dessin, c’est d’explorer et de mélanger différentes techniques. Dans mon travail, on retrouve une grande variété : crayon de couleur, stylo, pastel, rotring, encre de Chine... Je préfère ne pas me limiter à une seule approche.


CNB : Quelles sont les raisons ou les critères qui vous poussent à opter pour un outil plutôt qu’un autre ?


Manon : C’est souvent une question de sensibilité. Cela dépend de mon état d’esprit, de ce que j’ai envie de représenter à un moment donné. Parfois, je ressens le besoin de créer quelque chose de contemplatif et apaisant, empreint de douceur. À d’autres moments, j’ai envie d’explorer quelque chose de plus introspectif, et donc plus sombre.


CNB : Votre art est aussi une articulation entre traces du réel et mondes imaginaires. Pouvez-vous nous parler de la manière dont vous créez cet équilibre ?


Manon : Souvent, les images peuvent naître de lectures et quand on n’a qu’un texte, on est obligé de s’imaginer des images que le texte fait naître en nous. Donc ça peut venir de là mais ça vient aussi de ma tendance à consulter beaucoup d’images : des documentaires, des films… Tout m’inspire. 


CNB : Vos dessins, riches en détails, incitent à s’arrêter et à prendre le temps de les observer. Est-ce une démarche intentionnelle ?


Manon : Bien sûr ! Surtout pour les dessins qui m’ont demandé beaucoup de temps. J’ai parfois passé tellement d’heures à travailler sur un dessin que je m’y perds moi-même, et j’espère que le spectateur pourra s’y perdre à son tour. Prendre le temps de contempler un dessin, c’est du temps soustrait à tout le reste… C’est s’abandonner à une forme de plaisir et de contemplation, et c’est exactement ce que je souhaite susciter.


"Moving through the Dark", exposition par Manon Diemer à la galerie Ad Astra. © Pauline Mugnier


Le poète Christian Bobin écrivait : “Je crois qu’habiter poétiquement le monde, c’est l’habiter aussi et d’abord en contemplatif. Contempler est une manière de prendre soin.” Qu’est-ce que ça vous évoque ? 


Manon : Ça me parle beaucoup parce que c’est au cœur même de mon travail en dessin ! Il y a quelques années, j’ai réalisé un livre de recherche dessiné intitulé Le Sentiment océanique. Ce concept désigne un sentiment de connexion avec le grand Tout. Cela peut sembler un peu mystique, mais il s’agit ici de l’univers, de la nature, et de ce que nous sommes en nous-mêmes. C’est un sentiment d’apaisement, une sensation d’être aligné avec ce que l’on observe et contemple.


CNB : Quand vous évoquez votre pratique du dessin, le mot “refuge” revient souvent. Quel refuge est-ce que ça représente pour vous ? 


Manon : Le refuge est cet espace mental qu’on peut chérir. Certains vont se réfugier dans un livre, d'autres dans un film, moi ça sera le dessin. C’est une manière pour moi de m’échapper du monde et de trouver un réconfort. 


CNB : Y a-t-il une habitude ou un rituel que vous respectez quand vous dessinez ? 


Manon : C’est un peu mystique mais j’attends vraiment que le dessin soit entièrement fini pour le signer ! Tant qu’il n’est pas parfait, je ne le signe pas. 


CNB : Est-il simple de savoir quand s'arrêter lorsqu'on dessine ?


Manon : J’y arrive, mais je reste très perfectionniste. Par exemple, certains dessins au crayon de couleur comportent jusqu’à quatre couches, car je voulais obtenir un dégradé et une teinte parfaitement maîtrisés.


CNB : Quelle est votre méthode de travail ?


Manon : Pour les artistes, c’est toujours une question de préférence personnelle, chacun a sa propre manière de travailler. Pour ma part, je suis une vraie ermite. J’aime travailler seule chez moi, en passant mes journées à écouter des podcasts et des documentaires. Je peux passer des jours sans parler à personne, uniquement concentrée sur mes dessins. Et puis, quand vient le moment des expositions, je me retrouve à échanger avec plein de gens, et c’est génial. Il y a un temps pour tout. J’ai besoin de me retirer du monde pour créer, car cela demande une certaine énergie. De mon point de vue, cela ne peut pas se concilier avec trop de mondanités ou de stimulations visuelles et olfactives.


CNB : Comment intégrez-vous l’émotion ou une narration dans vos créations, qui sont souvent dépourvues de personnages ?


Manon : Nous sommes tous attachés à des lieux, et je suis convaincue que la nature et les paysages sont des personnages à part entière. Ils font partie de nous, de notre quotidien et de ce que nous sommes. Il n’est pas toujours nécessaire de dessiner des figures humaines pour raconter une histoire. Par exemple, une lumière allumée dans une maison peut déjà évoquer une forme de narration.


Vous explorez également divers supports, comme la céramique, le bois et même les vêtements. Qu'est-ce qui vous passionne dans le fait de travailler avec des matériaux aussi variés ?


Manon : J’aime donner une nouvelle dimension au dessin, explorer comment il interagit avec différentes matières, comment il réagit à la lumière ou comment il évolue dans le temps. J’aime également lui apporter une autre forme de relief. C’est une facette expérimentale de mon travail que je prends beaucoup de plaisir à explorer !


«Drawing Chair» chaise en peuplier marin et pyrogravée, 2024, design par Lionel Dinis Salazar, dessins Manon Diemer, Paris Design Week2024. © Pauline Mugnier


CNB : Votre travail s’inscrit également dans une démarche écologique. Comment traduisez-vous cet engagement dans vos œuvres ?


Manon : J’essaye de rappeler humblement et avec douceur la place qu’à la nature dans nos vies et à quel point on peut l’aimer en la contemplant et en faisant partie. 


CNB : Selon vous, quel impact l’art peut-il avoir sur les individus ou les grands enjeux de notre époque ?


Manon : C’est une question de représentation. Plus on est exposé à des images issues de la nature, plus cela devient un idéal vers lequel on aspire. Je suis convaincue que l’art peut transmettre un message puissant sur l’écologie et l’environnement. C’est un sujet qui me touche profondément, et cela se reflète naturellement dans mon travail. Je ne sais pas si cela résonne avec les gens à ce niveau-là, mais je l’espère. Ce qui est certain, c’est que je me sens concernée, et j’ai envie d’aborder ces thématiques dans mon travail !


Sélection d'oeuvres de Manon Diemer réalisées au Brésil et exposées à la galerie Ad Astra © Pauline Mugnier


CNB : Vous avez récemment été en résidence artistique au Brésil, à Porto Alegre, pendant un mois. Pouvez-vous nous décrire ce qu’est une résidence artistique, et ce que celle-ci vous a apporté sur le plan créatif ?


Manon : C’était une résidence artistique publique qui a lieu à la fondation Iberê Camargo. Chaque année, il sélectionne un artiste. Dans ce genre de situation, on répond à un appel à projets et on est sélectionné sur dossier parmi plusieurs candidats. Une fois retenu, on s’organise pour partir, pour effectuer le voyage… On propose une idée de projet, on explique ce qu’on souhaite réaliser sur place et pourquoi on y va. Pour le Brésil, en l’occurrence, certaines thématiques étaient mises en avant, notamment le fait que Porto Alegre est une ville située au bord d’un fleuve souvent sujet à d’importantes inondations. Ces catastrophes ont marqué l’histoire locale et constituaient un sujet que les organisateurs souhaitaient voir exploré par les artistes. J’ai donc présenté une proposition en lien avec cette thématique. Sur place, les choses évoluent inévitablement, influencées par les rencontres et la vie locale. Pendant 46 jours, j’ai eu la chance de travailler avec des personnes formidables et, entre autres, d’apprendre la gravure. À la fin de la résidence, une exposition a été organisée pour présenter les œuvres que j’avais réalisées durant mon séjour. 


CNB : Quels enseignements ou transformations ont découlé de cette immersion au Brésil ?


Manon : 10 000 km, c’est finalement très peu quand on partage des problématiques communes. On s’imagine découvrir un monde totalement différent, mais on se rend compte qu’il y a beaucoup de points communs. Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est cette proximité avec des personnes qui, à première vue, semblaient si éloignées de moi. Ce genre d’expérience m’a aussi appris l’importance de sortir de sa zone de confort. Là-bas, j’ai exploré des techniques que je n’aurais jamais envisagé de pratiquer ici. J’ai eu la chance de rencontrer un graveur, Eduardo, qui m’a énormément appris, tant sur lui-même et la vie au Brésil que sur l’art de la gravure. Aller dans un pays étranger pour faire une résidence artistique, c’est aussi bien se nourrir de rencontres que du paysage et de sa culture. 


CNB : Ce projet a abouti à votre première exposition solo. Comment ça s’est passé ? 


Manon : J’ai mis du temps à trouver la thématique, car bien que la notion d’inondation m'intéressait, je savais aussi que c’était un sujet encore très vif dans l’esprit des habitants de Porto Alegre. Ces inondations avaient été une épreuve difficile pour eux : de nombreuses personnes avaient perdu tous leurs biens. De mon côté, j’entretiens un rapport à l’eau qui est plutôt joyeux et intense, et j’avais peur d’être maladroite ou de commettre une erreur en abordant ce thème délicat. Comme je travaillais en lien avec la fondation Iberê Camargo, j’ai été logée dans l’ancienne maison de cet artiste. Pendant 46 jours, j’ai donc eu l’impression de marcher dans ses pas. Je vivais dans sa maison, je côtoyais les paysages qu’il avait contemplés, et je travaillais dans la fondation qui porte son nom. Puis, en visitant une exposition intitulée Territoires d’eau à la fondation, j’ai découvert qu’Iberê Camargo, bien avant mon époque, s’intéressait déjà à des thématiques similaires aux miennes. C’était un heureux hasard : il observait le paysage de sa ville changer, évoluer, et s’interrogeait sur des questions écologiques bien avant qu’elles ne deviennent un sujet de société. Cela m’a donné le sentiment que, dans ce contexte, il était légitime pour moi d’imaginer, entre réel et irréel, une vision de Porto Alegre entièrement immergée. Qu’est-ce que cela donnerait ? Est-ce qu’elle serait en ruines, avec la nature reprenant ses droits ? Ou bien est-ce qu’une nouvelle vie sur les flots pourrait s’y construire ? Le titre de l’exposition que j’ai réalisée au Brésil, Immersion, reflète cette double démarche. D’une part, parce que je me suis immergée dans l’univers d’Iberê Camargo, et d’autre part, parce que j’ai choisi d’immerger sa ville dans mon propre imaginaire.


CNB : Si je comprends bien, vous avez donc décidé d’immerger la ville… 


Manon : Oui. J’ai choisi des bâtiments et des vues assez emblématiques de Porto Alegre. Je me suis promenée dans la ville en me demandant ce que cela donnerait si j’imaginais une nature luxuriante envahir les zones urbaines, notamment dans les endroits touchés par les inondations. Je réfléchissais également aux émotions que cela pourrait susciter chez les spectateurs…


CNB : Et quelles ont été les réactions ? 


Manon : Les gens étaient vraiment touchés. Cela leur a beaucoup plu, et je n’étais pas préparée à recevoir une telle vague d’émotions. Ils ont retrouvé des souvenirs et des sensations auxquels ils étaient profondément attachés, tout en ressentant une ambivalence entre la beauté et la souffrance. Il y avait beaucoup d’émotions ! 


CNB : Si nous revenons plus globalement à votre travail, laquelle de vos réalisations vous tient particulièrement à cœur, et pourquoi ?


Manon : Isla Fortuna ! C’est le dessin ultime pour se perdre. Je propose aux spectateurs, un peu comme des Indiana Jones, de partir à la quête d’un trésor qui fait renaître des imaginaires enfantins. La nature, tellement envahissante, apporte un côté inquiétant qui me plaît aussi particulièrement. Techniquement, c’est l’aboutissement de plusieurs techniques qui m’ont demandé beaucoup de temps et dont je suis très fière. C’est essentiellement réalisé au rotring, c’est-à-dire à l’encre de Chine avec un stylo d’architecte doté d’une fine mine en métal. Cela se reflète aussi dans le tracé : le traitement de la pierre et de l’eau — donc du minéral — est réalisé en pointillés, tandis que le végétal est dessiné en petits traits pour exprimer sa densité. C’est un véritable travail sur les différents types de tracés.

Isla Fortuna © Manon Diemer
Isla Fortuna © Manon Diemer

CNB : Y a-t-il un projet ou une collaboration rêvée que vous aimeriez concrétiser ?


Manon : J’ai toujours rêvé de faire un roman graphique car la lecture fait partie intégrante de mon quotidien. Lier le texte à l’image a pour moi une signification toute particulière. J’aimerais concevoir une œuvre qui explore notre lien avec la nature à travers ce format. Ce serait absolument génial !


CNB : Il y a des auteurs/autrices auxquels vous pensez directement pour ce genre de projet ? 


Manon : Je suis tombée en adoration et en amour d’une autrice québécoise qui s’appelle Gabrielle Filteau-Chiba qui a écrit trois romans écologiques sur le monde sauvage canadien et c’est sublime en plus d’être juste. Ça me touche profondément. Il y a aussi Wendy Delorme, qui m’a beaucoup émue avec Viendra le temps du feu. Ce roman, à la fois dystopique, écologique et féministe, résonne profondément en moi. J’adorerais l’adapter en roman graphique ! 


CNB : Quel regard portes-tu sur le monde de l’illustration et du dessin aujourd’hui ? 


Manon : Le monde de l’illustration devient de plus en plus ouvert et inclusif, et c’est merveilleux qu’il puisse s’exposer davantage, ce qui n’a pas toujours été le cas. Cependant, il reste une tendance à vouloir classer les œuvres entre art, illustration ou dessin, et je trouve ça dommage. À mon avis, il vaut mieux exposer ce qu’on a envie de partager plutôt que de se limiter à des cases prédéfinies.


CNB : Pourquoi est-ce que tu te définis en tant que dessinatrice artiste


Manon : Une partie de mon travail consiste en de l’illustration, car nous avons tous besoin de gagner notre vie, et il existe des projets commerciaux passionnants. C’est aussi une excellente façon de rencontrer des gens. Cependant, il faut être réaliste : personne ne vit uniquement de la vente de dessins, sauf si l’on a une cote phénoménale et une grande notoriété. Pour moi, il est essentiel de maintenir une pratique artistique libre, sans autre regard que le sien. Cela permet de rester dans une démarche de recherche plutôt que de se limiter à répondre à des contraintes ou à un cahier des charges. Le terme dessinatrice est très important pour moi, car il reflète mon goût pour l’expérimentation. J’explore un travail qui se situe entre recherche et expérimentation, en m’aventurant dans différentes pratiques. En revanche, le terme illustratrice me semblait un peu trop restrictif par rapport à toutes les choses que j’ai envie de réaliser.


CNB : Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans cette voie ?


Manon : Continuez à dessiner sans jamais vous arrêter ! Si le dessin vous passionne et que vous souhaitez en faire votre métier, il faut pratiquer constamment. Plus vous dessinez, plus vous progressez, et c’est ce qui vous permettra non seulement de trouver votre univers, mais aussi de toucher les gens.


CNB : Quelle empreinte espères-tu laisser au spectateur face à tes œuvres ?


Manon : Une forme de joie et de mélancolie. Mes œuvres reflètent un mélange doux-amer, né de l’alliance entre la beauté de la lumière et une part d’obscurité.


CNB : Elle vient d’où cette part d’obscurité ? 


Manon : Elle vient de ce qu’il se passe dans le monde et de ma propre part d’obscurité. On est tous habités par des histoires, des traumas... On a beau essayer de camoufler cette obscurité, elle ressort inévitablement dans le travail.  


CNB : Est-ce à dire que votre travail est la somme de ce que vous voulez dire du monde et de ce que vous voulez dire de vous ? 


Manon : Absolument ! C’est très intime. Ce sont des dessins avec lesquels j’ai passé du temps, qui portent les émotions que j’ai traversées en les réalisant. Il y a donc une part d’intimité dans ces paysages. Bien que je reste un peu secrète et mystérieuse, une exposition est, d’une certaine manière, une mise à nu...





Manon Diemer par © Pauline Mugnier


À découvrir d'urgence : "Moving through the Dark", une exposition de l’artiste Manon Diemer qui invite à ralentir, à contempler et à repenser notre relation au vivant.


Dates : Jusqu’au 19 janvier 2025

Lieu : Galerie Ad Astra, Paris 

73-75 rue Quincampoix, 75003 Paris 

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