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STYLETO AU PRINTEMPS DE BOURGES : Une voix entre larmes et lumière

  • Photo du rédacteur: Victoire Boutron
    Victoire Boutron
  • 17 avr.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 avr.

Elle chante comme elle respire et se raconte comme on tourne une page de journal intime. Révélée sur YouTube, propulsée par une reprise virale de Ben Mazué, Laure s’impose aujourd’hui comme une voix singulière de la nouvelle scène française. À l’occasion de son passage au Printemps de Bourges 2025, elle se livre dans une interview sensorielle à l’image de son univers : sincère, fragile, vibrant. De ses débuts face caméra à son premier album Fille Lacrymale, rencontre avec une artiste qui ose raconter ce qu’on tait souvent : le banal, le doute, l’attente… et l’éclat de ce qu’on devient quand on assume enfin qui l’on est.


© Pauline Mugnier


Culture is the New Black : C’est ton premier festival de la saison, et ta première fois au Printemps de Bourges. Comment tu te sens à quelques heures de monter sur scène ?


Styleto : C’est mon tout premier festival de 2025 et je suis trop contente ! Je suis un peu choquée, mais surtout très heureuse. Je ne suis jamais venue ici, ni comme artiste, ni comme festivalière, mais j’en ai beaucoup entendu parler. C’est un honneur de jouer entre Jean-Louis Aubert et Clara Luciani… C’est un peu lunaire pour moi !


CNB : Il y a eu cette reprise de Ben Mazué – Gaffe aux autres – qui a marqué un tournant dans ta carrière. La vidéo devient virale, dépasse les 3 millions de vues, et Ben lui-même t’invite à chanter en duo. C’est une trajectoire assez folle… Qu’est-ce que ça t’a fait d’être reconnue par celui qui t’a tant inspirée ?


Styleto : Ben Mazué, c’est mon artiste préféré depuis des années. Ma playlist lui est presque entièrement consacrée, c’est un peu inquiétant ! [rires] J’ai repris Gaffe aux autres, une chanson qu’il chante avec Jérémy Frérot. Je n’avais jamais eu autant de vues aussi vite. Il a vu la vidéo et m’a écrit. J’ai essayé de rester cool, de ne pas passer pour une fangirl, mais j’étais complètement dingue en voyant son message. Il m’a invitée à monter sur scène pour chanter avec lui, alors que je n’avais jamais chanté devant un vrai public ! C’était fou. Depuis, on se voit souvent, on bosse ensemble en studio, on promène même nos chiens ensemble. Un jour, dans le train, je lui ai proposé un feat par message. Il a dit oui tout de suite. Moi qui ne savais pas comment demander un feat… j’ai appris que parfois, il suffit juste d’oser.


CNB : Tu as souvent évoqué la difficulté à écrire quand il ne se passe rien d’extraordinaire. Est-ce que tu trouves important de montrer une autre image de l’artiste ? Moins spectaculaire, plus ancrée dans le réel ?


Styleto : Oui, complètement. Je ne sais pas si j’ai fait exprès de faire un album qui donne cette impression, mais j’ai mis presque trois ans à l’écrire. J’ai eu cette chance que peu ont : celle de pouvoir prendre mon temps. Je voulais vraiment apprendre à me connaître davantage. Si je m’étais précipitée, l’album aurait sûrement été très différent. Peut-être plus “pop-star qui a confiance en elle”, alors qu’en vrai, ce n’est pas moi. J’aime que Fille Lacrymale raconte l’inverse : mes doutes, mes fragilités. Aujourd’hui, j’assume cette sensibilité, cette partie un peu chaotique de moi.



© Pauline Mugnier


CNB : Ton premier album, Fille Lacrymale, vient tout juste de sortir. C’est ton projet le plus personnel. Qu’est-ce qu’il représente pour toi ?


Styleto : Pour une fois, je me sens assez fière de moi. J’ai vraiment essayé de me libérer des attentes, de ne pas me demander ce que les gens voulaient entendre de moi. Aucune chanson ne ressemble à une autre : parfois je tente de rapper, d’autres fois on est à deux doigts de la comédie musicale, et puis il y a les morceaux plus doux, plus intimes. J’ai voulu montrer toutes mes facettes, sans hiérarchie. C’est un travail de découverte avec moi-même. Et je suis heureuse d’avoir un premier album qui me ressemble, et qui, dans 50 ans, me rappellera exactement qui j’étais à ce moment-là.


CNB : Et maintenant, on est à Bourges, à quelques minutes de ton concert. Tu dis souvent que ta plus grande peur, c’est de jouer devant une salle vide. Mais dans un festival comme celui-ci, c’est plutôt rare… Qu’aimerais-tu que les gens retiennent de toi après ce live ?


Styleto : En festival, c’est vrai, je me sens un peu plus détendue : je peux toujours accuser la programmation ! [rires] Mais ce soir, je suis rassurée. J’ai reçu plein de messages de gens qui viennent me voir. J’ai hâte de monter sur scène ! 


Et on y était. Quelques heures après l’interview, Styleto montait sur la scène du Printemps de Bourges — et elle a tenu toutes ses promesses. Une voix qui accroche, une sincérité désarmante, une présence fragile et puissante à la fois. Le public ne s’y est pas trompé : il a écouté, retenu son souffle, puis applaudi longuement. Styleto, c’est bien plus qu’une révélation : c’est une confirmation.



© Pauline Mugnier


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