Rencontre avec Maxime de Puyfontaine : l’étoile feutrée.
- Hugo Lafont
- 14 nov. 2024
- 14 min de lecture
Sur le devant de la scène musicale s’exposent souvent de bien grands soleils, parfois si brillants pour certains que l’on en oublie les millions d’autres dont les possibles belles lumières, oblitérées, ne peuvent parvenir jusqu’à nous. Maxime de Puyfontaine, alias SuperSuper, fait indéniablement partie de ces étoiles feutrées. Son premier EP publié en juin dernier, intitulé “Tree for Tree”, révèle la façon toute singulière qu’il a d’approcher sa musique : avec une sincérité et une dévotion telles que nos oreilles ne peuvent que s’ouvrir grand. Très grand. Foisonnant d’inspirations toutes plus réjouissantes les unes que les autres, « Tree for Tree » est une invitation délicieusement extatique à renouveler nos joies oubliées. Une rencontre sous le signe du bonheur.

© Pauline Mugnier
CNB - Pour commencer, tu es revenu sur Instagram en octobre dernier, après six ans d’absence sur les réseaux pour annoncer la naissance de ton projet musical SuperSuper. As-tu consacré ces années d’invisibilité à l’élaboration de ta musique, de ton propre style, ou avais-tu déjà auparavant un projet - peut-être totalement différent - dont tu as voulu faire table rase en faveur d’une toute nouvelle direction artistique ?
Maxime de Puyfontaine - Il y a eu toute une période d'expérimentation où j'ai essayé de voir un peu quelle direction j'avais envie de donner au projet étant donné que j'avais quand même pas mal d'influences différentes. C'est toujours assez compliqué d'en choisir certaines plus que d’autres, donc cette période m'a permis d'orienter davantage le projet, de savoir un peu plus ce qui me plaisait, ce qui me plaisait moins. Et aussi réussir à gagner des compétences en production, en mixage et de revenir avec un bagage plus conséquent !
Après un teasing de huit mois à base d’extraits et de singles tous aussi surprenants les uns que les autres en raison de l’éclectisme des styles abordés, tu as publié ce 13 juin dernier ton premier EP « Tree for Tree » tout en nuance estivale. Quel a été le point de départ de ce projet ? A-t-il un leitmotiv, une intention toute particulière ?
Cela a été un cheminement assez long, mais je pense qu'il y a eu deux grands thèmes qui m'ont aidé à cadrer un peu l'EP. Il y avait d’une part la famille, un thème qui m’a toujours énormément parlé et que je voulais vraiment aborder avec le côté « arbre généalogique » et les liens en général, et dans un second temps il y a eu la musique instrumentale. Parce que quand j'ai fait le point, je me suis rendu compte que même si j'aime beaucoup la pop, avec des chanteurs et chanteuses que j’adore, je pense que la majorité des morceaux que j'écoute sont des instrumentaux. Et donc je me suis en effet posé la question de ce qui me représentait le plus pour un tout premier EP, et sans aucun doute que c’était la famille et la musique instrumentale.
Il t’est venu tard cet amour de la musique instrumentale, ou est-ce que tu as toujours un peu baigné dedans ?
C’est plutôt tardif à vrai dire, je dirais que c'est vraiment dans les 4-5 dernières années que je me suis mis à écouter énormément de jazz et de musique de film. Je suis tombé sur des compositeurs qu'on connaît tous, Ennio Morricone, Jean-Pierre Decerf, tous ces mecs-là qui sont vraiment des inspirations assez énormes pour moi. J’aime beaucoup cette notion de thèmes assez récurrents qu'on retrouve dans les films, et d'un autre côté celle des morceaux à rallonge, avec plein de parties différentes, qui nous emmènent un peu partout sans forcément respecter le format pop de couplet, refrain, bridge, couplet, refrain. Je pense que ça se voit justement dans l’EP, le fait que tous les morceaux sont entre 4 et 6 minutes. C'est vrai que c’est un format qui peut sembler un peu particulier pour certains, mais pour moi c’est vraiment le type de morceau qui me parle le plus. Ils sont un peu comme des balades, le genre de balade qui nous emmène au-delà des 2min30/3minutes standards pour vraiment poser une ambiance et un décor sur un plus long terme.
Parlons justement un peu de tes inspirations ! La moindre écoute de l’un des cinq titres de « Tree for Tree » révèle l’impressionnant hétéroclisme de tes influences. On pense à Supertramp et Wings sur « Mother », au légendaire « Maggot Brain » des Funkadelic ou aux Pink Floyd sur « Seed for Tree », à Giorgio Moroder sur « Sure », ou encore Herbie Hancock, Kraftwerk et Talk Talk sur « Boss » et « Be Water ».
C’est ça pour la quasi totalité en effet ! Pour les Wings ou Supertramp c’est complètement des influences par exemple, et c’est assez rigolo quand on y pense parce que ce sont des groupes notamment connus pour leur voix tandis que moi, j’ai fait un EP totalement instrumental ! Donc au final ça a certainement permis d’emmener le projet autre part, mais je pense qu’il y a eu quand même deux morceaux à la genèse des cinq titres qui composent l’EP. Dans un premier temps il y a « Mammagamma » d’Alan Parsons Project, un de mes groupes préférés. C’est un titre 100% instrumental et très dansant pour du Alan Parsons, limite trop dansant, mais c’est justement ça qui me marque quand j’écoute des morceaux, c’est quand un artiste que j’aime m'emmène là où je ne m’y attends pas et s’essaye à des univers un peu différents ! Et là, il y a ce rythme super répétitif qui m’a beaucoup parlé et dont je me suis inspiré pour la conception des chansons. Le second titre vraiment fondateur après est un morceau du compositeur de musique de film Alain Goraguer qui a pas mal bossé avec des grands noms comme Gainsbourg. Il a notamment fait des musiques de film pour adultes, dont un album assez extraordinaire qui s’appelle Musique Classée X avec ce morceau nommé « Marie-Jeanne Astique Le Pont » tout à fait exceptionnel. J’en suis tombé totalement amoureux, j’ai compris que c’était l’esthétisme que j’avais envie d’avoir pour l’EP : instrumental, très espacé, que ça sonne brut.
Sais-tu comment est né cet amour de la musique funk, jazz, psyché et ambiante des années 60-70 ?
C'est assez rigolo parce que je ne pourrais pas vraiment dire pourquoi, ni comment ça s’est fait exactement. Mes goûts me ramènent toujours à des sonorités un peu vintage où je suis tout de suite plus intéressé par la découverte d'un album qui existe depuis 40-50 ans, et ça n’est pas forcément volontaire. Je trouve que je tombe souvent sur des albums assez intemporels quoiqu’il en soit et qui peuvent sonner comme s’ils étaient sortis aujourd’hui. Par exemple, je pense à un album que j'ai vachement écouté quand je faisais Tree for Tree, l'album Aja de Steely Dan, et on peut difficilement faire plus iconique ! Il y a même du Wings comme tu disais, avec le morceau « Let Them In » qui semble avoir été fait par un gars d’aujourd'hui avec ce côté tellement chaleureux et agréable à écouter. J'essaye donc de m'intéresser à la musique actuelle et à essayer de varier un peu mes goûts, mais c'est vrai que ça fait quelques années que je suis totalement attiré par l’esthétique de ces années-là, que cela soit dans l’intemporalité de la musique, les lives ou même les pochettes.
Cette question des inspirations pose obligatoirement la question des hommages possibles dans ta musique que tes playlists sur Spotify suggèrent. Considères-tu, d’une quelconque manière, ta musique comme l’aboutissement de ce réseau d’influences que tu t’es forgé au fur et à mesure des années ?
Oui, je pense qu'il y a sur chaque morceau des références qui sont plus ou moins évidentes. Tu parlais de « Maggot Brain » par exemple, et là il s’agit clairement d’un hommage. S’il faut constater quelque chose de vraiment rigolo, c'est de voir un peu la différence de réaction entre les personnes qui connaissaient le morceau et ceux qui ne le connaissent pas. En fait, l'idée sur tous les morceaux, n'était pas forcément de faire une pâle copie de ce qui se faisait dans les années 60, 70, 80 et de refaire bêtement la même chose, mais plutôt de se dire : « ok voilà ce que j'écoute, voilà ce qui m’intéresse, comment je peux essayer de ramener ça à aujourd’hui » en utilisant des instruments, des méthodes, des techniques de mixage et d'enregistrement beaucoup plus actuelles. Essayer à tout prix de dépoussiérer un peu ces styles musicaux que tout le monde adore je pense.
© Pauline Mugnier
Comment as-tu composé ton EP alors ? Seul, accompagné, home made, studio ?
Alors tout a été composé ici, dans mon petit home-studio, avec tous mes instruments, que ce soit sur synthé, clavier maître, et avec mes VST pour les instruments à vent comme sur « Be Water » ou « Sure », où il y a trompette, clarinette, saxophone… Je les ai d’abord joués au clavier midi avec, depuis le début, l'idée de faire appel à des musiciens extérieurs pour le rendu final. Il y a notamment deux de mes amis qui ont été partie prenante du projet, Thomas Guerlet et Jules Guilleminot, qui sont arrivés à des moments où j'étais bloqué et où j'avais besoin d'idées. J'allais en studio avec eux, on allait enregistrer ce qu’il fallait avec des amplis, des pré-amplis, avec tout le bazar un peu plus professionnel et traditionnel de base. Mais oui, globalement, c’était du home-made. Tout ce que je peux faire ici, je le fais. Toutefois, l'intérêt de faire tout un projet tout seul est quand même assez limité. Je trouve que c'est très sympa de se dire : « Ok, je suis le capitaine de mon bateau, je prends toutes les décisions », mais d'un autre côté, je trouve ça assez glauque de se dire qu’un projet composé tout seul dans sa piaule va forcément parler aux autres. Moi j’ai la chance d'avoir des copains musiciens, et je voulais absolument les faire intervenir et ainsi rencontrer de nouveaux musiciens pour créer un peu des connexions, des relations. C’est un peu la base de la musique. On parlait du thème de la famille, et je pense que ça rejoint un peu ce côté-là : essayer de créer une petite famille de gens qui ont collaboré, qui ont été là pratiquement du début à la fin d’un projet, que ce soit sur l'identité visuelle, sur l'enregistrement, sur le mixage, la musique… Ce que je trouve le plus intéressant avec la famille, au-delà de l’aspect lien, proximité, épanouissement, c’est l’idée que deux arbres qui entrent « en collision » parviennent à en créer un troisième de totalement nouveau. De fait, l’arbre sur la pochette peut apparaître comme le résultat de deux arbres qui de base n'avaient rien à voir l’un avec l’autre et qui ont réussi quand même à créer quelque chose de nouveau. C’est une idée en soit qui s’accorde aussi un peu à la collision d'esthétiques 70s dont on parlait, entre les techniques d’enregistrement et de composition qui existaient auparavant et celles en vogue aujourd’hui.
À la manière d’un Brian Eno pour qui la production et la composition se doivent-être davantage ressenties que réfléchies de bout en bout, penses-tu avoir, au moment de la composition, une approche plus intuitive que conceptuelle de la musique ?
C’est marrant que tu parles de Brian Eno, parce qu’il y a notamment ce jeu de cartes qui m'a beaucoup aidé pendant la période de création de Tree for Tree, qui est le jeu de cartes de Brian Eno lui-même. On est censé tirer une carte chaque jour, dans l’ordre ou aléatoirement, et elle doit t’aider à débloquer des situations compliquées. Le jeu s’appelle “Oblique Strategies”, et il y a cette carte que je laisse toujours en haut du paquet, qui m'a particulièrement parlé et qui dit : « You don't have to be ashamed of using your own ideas ». Elle m’a accompagné tout au long du projet. Mais pour en revenir à la composition, j’avais justement besoin avec ce projet, d’un certain cadre. J’ai une certaine tendance à partir un peu dans tous les sens, et beaucoup de mes compagnons de composition me permettent justement de trouver un cadre. Dès que tout devient possible, on a un peu envie d’aller n’importe où, et cela donne souvent des résultats moins intéressants. L’utilisation des boucles par exemple, le côté primordial peut-être plus contemporain de ma musique, me permet d’harmoniser les ensembles.
Et t’arrive-t-il aussi de composer à partir de samples ? C’est quelque chose avec lequel tu te sens à l’aise justement en parlant des boucles ?
Ça peut m’arriver oui ! Surtout pour des rythmiques. Par exemple sur le morceau « Mother », je savais que je voulais quelque chose d'assez régulier, mais avec une batterie acoustique, j'ai donc pris un sample de Queen avec une batterie assez brutale que j'ai superposée avec des samples de LinnDrum de Prince. Et les deux ensembles, le mix entre organique et électronique, ramène à quelque chose d’à la fois ultra puissant et d’ultra charmant, même si je pense que les sons de batterie de Queen ne sont pas forcément les plus romantiques.
Parlons un peu de ta direction artistique. Selon moi, elle fait la part belle un peu au minimalisme, avec un clip et des pochettes de singles proches un peu du mouvement pop-art, avec des petits objets proches du nouveau réalisme où on peut s'identifier très facilement à la vie contemporaine. Pourquoi cette direction ? Ça m'a fait un peu penser à la fameuse pochette banane du Velvet Underground & Nico. Je trouvais que c'était la même énergie.
Je vois ce que tu veux dire, mais il y a quand même trois pochettes de single et une pochette d’EP qui sont quand même assez différentes les unes des autres ! C’est mon ami Pierre Jeannelle qui s’est occupé de la direction artistique et avec qui on a fait les pochettes. Pour l’EP, j’avais une idée de base depuis le début assez proche du tableau Le Fils de l’homme de Magritte, mais les essais n’ont absolument pas marché. On s'est donc retrouvés à une semaine en urgence de l'envoi des morceaux et donc des pochettes aux plateformes. C’est grâce à Thomas Guerlet que j’ai eu le contact de son ami Pierre Jeannelle avec qui on a réfléchi pour les visuels. Moi je suis arrivé avec comme référence ultime, la boîte de graphic design Hypnosis. C'est une boîte de graphic design des années 60-70 basée à Londres qui s’est occupée de toutes les pochettes des Pink Floyd, des Wings, ou de Led Zeppelin et qui sont vraiment à la frontière entre le rêve et la réalité, ce qui donne souvent une impression proche de l'absurde. L’aspect « la porte est ouverte » sur la pochette de Tree for Tree m’apparaît un peu comme une invitation à aller écouter l’EP. Là, nous sommes en train de presser les vinyles qui vont sortir au mois de décembre, et j'ai bon espoir justement avec cette pochette que quelqu'un soit interpellé par elle et ose tenter le coup. Après, libre à la personne qui verra Tree for Tree dans un disquaire, dans un salon, dans un restaurant d’oser faire le premier pas. Mais la porte est grande ouverte.
Et justement, est-ce que tu as une pochette préférée ? Ou du moins la pochette idéale que tu aurais aimé avoir pour l’un de tes projets ?
Écoute c'est marrant, j’adore ce genre de questions parce que je pense clairement que ma réponse d'aujourd'hui sera différente de celle de demain. Mais en ce moment, je pense que c’est celle de l’album de Herb Alpert qui s'appelle “Whipped Cream & Other Delights”. C'est une pochette où l’on voit juste une femme qui est dans une robe de crème chantilly. Je la trouve absolument fascinante. Je me suis renseigné sur cette pochette, et il s’est avéré qu’il était impossible de faire un shoot avec de la crème chantilly puisqu’elle fond très vite, alors ils ont utilisé de la mousse à raser partout, sauf sur la main. Et le titre de l'album te laisse penser que c'est complètement de la chantilly ou de la crème pâtissière… Je trouve que c’est du génie.
L’une des particularités de ta musique réside dans le savant mélange de styles que tu t’es accaparés pour la conception de ton EP. T’attends-tu à incorporer d’autres genres dans le futur, ou justement à approfondir d’autant plus la variété de mouvements réunis dans « Tree for Tree » ?
Je pense que ça serait dommage de faire quelque chose d'identique. Récemment, je suis tombé sur un artiste qui s'appelle Les Baxter qui a fait un album dénommé Exotic Moods, où lui, n'ayant pas eu la chance d'aller dans des pays exotiques, a voulu composer le dit album en faisant comme s'il y était allé, avec les sonorités que lui identifiait comme exotiques. Il avait un peu cette lubie de créer justement à partir de ce que lui avait comme conception de certaines musiques, de certaines sonorités, et je trouve que c'est un concept assez intéressant. C’est quand même bien plus simple aujourd’hui quand on y pense, de connaître quel genre de musique est jouée au Brésil sans pour autant y être allé une seule fois. C’est vraiment un concept qui pourrait m’influencer à l’avenir, faire des morceaux ou des projets avec des inspirations assez précises comme la bossa nova ou l’Afrobeat. Je trouve ça toujours intéressant quand quelqu'un arrive avec un certain bagage attendu dans un univers qui n'est pas le sien.
Qu'est-ce qu'il faut attendre finalement de l’avenir ? Est-ce que tu as déjà composé la suite?
Oui, justement je te parlais du Brésil, je suis actuellement sur un morceau aux influences brésiliennes, et c'est assez rigolo parce que lorsque j'ai fait le morceau « Be Water », j'avais pour objectif de faire un morceau qui aurait pu remplacer la scène sur la plage dans le deuxième OSS 117. C'est un morceau de Minnie Riperton qui passe à ce moment-là, « Lovin’ You », une pépite. Et je me suis dit, toujours dans ce côté un peu BO de film, que j'adorais le principe de partir d’images et de réussir à capter l'émotion de celles-ci en faisant un morceau pouvant les emmener ailleurs, un peu autre part, et les élever. Donc je pense que sur le court/moyen terme ce serait vraiment des influences brésiliennes, jazz brésiliennes. L’idée serait également de réaliser un autre EP, un peu « tour du monde », qui réunit vraiment pas mal d'influences. Je te parlais du Brésil, de l'Afrobeat, et je pense même à la variété française. C'est vraiment un fantasme que de composer un morceau de variété, je pense que je ne vais pas tarder à tenter le coup.
LA PLAYLIST DE MAXIME DE PUYFONTAINE
Tu peux nous citer un album qui t’accompagne depuis longtemps ?
Je pense qu’au-delà de la conception de Tree for Tree, l'album qui m'accompagne depuis que j'écoute de la musique et qui m’a donné envie d’en composer c'est Innervisions de Stevie Wonder. Soit lui, soit Aja de Steely Dan, mais ça se joue entre les deux, pour cette chaleur si intemporelle.
Tu peux nous conseiller un album selon toi sous-côté qui devrait être plus connu du grand public ?
Il a été d’une grande influence sur Tree for Tree. C’est l’album Dune de David Matthews, qui est en fait un hommage au roman de Frank Herbert. À la suite de cette lecture, il a fait un mélange de tout ce que le roman lui avait évoqué en termes de sonorités en plus de quelques reprises, notamment une de Bowie et une autre de Star Wars, et je trouve que l'album est vraiment assez extraordinaire. Il est passé trop en dessous des radars.
Y-a-t-il un artiste ou un producteur dont tu te sens actuellement proche dans le panorama musical français contemporain ?
Je pense qu'il y a deux personnes en ce moment qui me parle tout particulièrement. Il y a tout d’abord Flavien Berger. Son album Contre-Temps sorti il y a six ans est toujours aussi efficace, il vieillit incroyablement bien et me parle beaucoup, que ce soit en live, au casque, comme sur enceinte. Il n’y a que des morceaux incroyables. Il a un univers très particulier qui me touche beaucoup, il a vraiment réussi à créer un personnage vraiment très spécifique. On sait que c'est lui avec le morceau éponyme « Contre-Temps », où il est en duo avec Bonnie Banane, une espèce de balade de 14 minutes absolument phénoménale. Et après donc, dans un second temps, il y a Thomas Guerlet. J'ai découvert son album sorti en 2022 si je ne dis pas de bêtises, How Strange to Be Anyone ?, et c'est justement à partir de ce moment-là que j'ai pris contact avec lui en lui demandant si on pouvait collaborer, parce qu'il y avait un sacré mélange chez lui entre ce côté pop anglais un peu King Krule, et le côté jazz un peu Chet Baker, une alliance de styles qui moi, me parle beaucoup.
Et sur la scène internationale ?
Internationale, je dirais Yussef Dayes qui a sorti un album l'année dernière nommé Black Classical Music. C'est un gros morceau, 1h15, 19 morceaux, il faut y aller. Il ne s'est pas foutu de nous et c'est vraiment génial. Je trouve ça vraiment exceptionnel. C'est vraiment symbolique de toute cette scène anglaise, jazz, sud de Londres, avec des personnalités comme Yussef Dayes et Tom Misch, qui sont vraiment des gars qui ont réussi à créer une identité très particulière. Ils sont parvenus à créer le son typique du sud de Londres. Yussef Dayes commence à être un peu plus connu, donc il est parti produire aux Etats-Unis et à rencontrer le succès qui va avec, à base de Grammy et autres récompenses. Mais dans l'idée, cet album tout particulièrement, c’est vraiment tout ce que j'aime dans le jazz et la funk, presque proche de la disco.
La playlist de Maxime est à retrouver ici : https://open.spotify.com/playlist/0yS4sYkxh3LpIOfZiH6fJG
Pour l'occasion, Maxime de Puyfontaine a improvisé en exclusivité pour Culture is the New Black une composition personnelle, à découvrir ci-dessous :
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